La
vie atteinte –
Jean-François Mathé – éditions Rougerie
Le
titre peut se lire de deux manières. Atteindre la vie, c'est-à-dire prendre
conscience de son existence ou bien une atteinte à la vie, blessure, maladie,
souffrances. Jean-François Mathé joue sur les deux registres.
«
J’avançais, et le jour avant moi
faisait
un pas de plus vers l’ombre. »
Les
poèmes évoquent sans réelle nostalgie le temps qui se transforme en souvenirs. Nous
y retrouvons le goût et les odeurs de la cuisine des grand-mères, les veillées.
Nous découvrons l’amour, la jeunesse qui s’éloigne, le présent qu’il faut
apprécier.
Jean-François
Mathé écrit qu’il a toujours cherché ce que le blanc des pages disait de
plus que les mots, comment il les agrandissait. Si l’encre ne révèle que ce que l’auteur
propose à la lecture, le blanc autour est un océan de silence bien habité. Il
permet au regard et à la pensée de s’échapper, de se perdre pour mieux se
retrouver.
« Quelqu’un
meurt,
quelqu’un
d’autre vit à sa place
et
réclame le verre vide de l’absent. »
L’ombre
toujours nous accompagne de près, il faut faire avec et à chaque jour suffit sa
peine.
Les
poèmes de ce recueil parlent de la condition humaine avec sagesse. Faire du
temps qui passe moisson d’amour et de joie afin d’affronter sereinement les
derniers pas sur la route. Ne rien regretter et vivre encore des moments de
paix auprès d’une personne aimée. Regarder l’avenir sans peur puisque le billet
est sans retour. Le poète ne dit pas que c’est facile mais qu’il n’y a pas d’issue
de secours.
«
…puis je ferme les volets
et
ma nuit d’entre les murs
résiste
à la nuit du dehors. »
Jean-François
Mathé introduit dans ses poèmes une sensualité légère, des préliminaires qui
laissent liberté au lecteur d’imaginer la suite.
« Mais
toi, tu vins et toute la nuit glissa de ta robe
Puis
ta robe de tes épaules. »
L’amour
n’est il pas le sésame d’une vie réussie ?
J.
Essirard
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire