lundi 28 avril 2014

la Vie atteinte de Jean-François Mathé



La vie atteinte – Jean-François Mathé – éditions Rougerie

Le titre peut se lire de deux manières. Atteindre la vie, c'est-à-dire prendre conscience de son existence ou bien une atteinte à la vie, blessure, maladie, souffrances. Jean-François Mathé joue sur les deux registres.
«  J’avançais, et le jour avant moi
faisait un pas de plus vers l’ombre. »
Les poèmes évoquent sans réelle nostalgie le temps qui se transforme en souvenirs. Nous y retrouvons le goût et les odeurs de la cuisine des grand-mères, les veillées. Nous découvrons l’amour, la jeunesse qui s’éloigne, le présent qu’il faut apprécier.
Jean-François Mathé écrit qu’il a toujours cherché ce que le blanc des pages disait de plus que les mots, comment il les agrandissait.  Si l’encre ne révèle que ce que l’auteur propose à la lecture, le blanc autour est un océan de silence bien habité. Il permet au regard et à la pensée de s’échapper, de se perdre pour mieux se retrouver.
« Quelqu’un meurt,
quelqu’un d’autre vit à sa place
et réclame le verre vide de l’absent. »  
L’ombre toujours nous accompagne de près, il faut faire avec et à chaque jour suffit sa peine.    
Les poèmes de ce recueil parlent de la condition humaine avec sagesse. Faire du temps qui passe moisson d’amour et de joie afin d’affronter sereinement les derniers pas sur la route. Ne rien regretter et vivre encore des moments de paix auprès d’une personne aimée. Regarder l’avenir sans peur puisque le billet est sans retour. Le poète ne dit pas que c’est facile mais qu’il n’y a pas d’issue de secours.
«  …puis je ferme les volets
et ma nuit d’entre les murs
résiste à la nuit du dehors. »
Jean-François Mathé introduit dans ses poèmes une sensualité légère, des préliminaires qui laissent liberté au lecteur d’imaginer la suite.
« Mais toi, tu vins et toute la nuit glissa de ta robe
Puis ta robe de tes épaules. » 
L’amour n’est il pas le sésame d’une vie réussie ?

J. Essirard



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